mardi 6 décembre 2011

Orlando

Virginia Woolf's diary?
Une de ces journées pluvieuses, grises à New York.

Parfait pour un petit passage à la bibliothèque centrale, une des merveilles de cette ville (www.nypl.org).

Il s'agit de trouver des infos dont j'ai besoin pour inspirer mon chapitre sur le personnage que j'appelle Orlando, pour des raisons qu'il ne serait pas le seul à savoir. (mais bon, il n'est plus là pour en parler.)

Bon signe, j'arrive devant l'entrée et il y a un clin d'oeil de Virginia.

Son journal intime.

J'avance dedans.  En fait, il s'agit aussi de trouver d'autres infos sur ces années 1980, et il me faut un numéro du Nouvel Obs, un article sur le crack à New York qui a paru dans le Nouvel Obs vers 1986 ou 87.

Évidemment, il n'y a pas d'index des anciens numéros.  Au pif, j'envoie la petite fiche de demande par pneumatique, demandant toute l'année 1986 des anciens numéros qui existent dans des caves quelque part.

Et je me mets à attendre.

Numéro 64. L'attente se prolonge, mais ça fait longtemps que je n'ai pas mis les pieds dans ces pièces, pour travailler, et l'attente est assez agréable.

Les touristes passent pour prendre des photos ; on leur dit que c'est interdit.

Je travaille sur le chapitre en cours, sur papier.

20 minutes, 40 minutes...

Je passe voir s'il y a un problème.

L'ironie d'attendre un "ODD NUMBER" au guichet des nºs impairs (qui sont principalement des nºs pairs), où mon numéro 64 ne s'affiche jamais.

Non, me dit-on, mais ça vient de loin, en bas, ça peut prendre jusqu'à une heure.
waiting for an even number, 64
somehow, it wasn't meant to happen at the "odd number" window.


Orlando était bien un "odd number." C'est comme si je l'attends, comme Godot.

Après plus d'une heure d'attente, j'apprends que les numéros en question du Nouvel Obs sont dans un autre immeuble d'où il faut placer une commande de plusieurs jours, sinon que je m'adresse à l'une des facultés riches de la ville, NYU ou Columbia.

Je suis déçu sans être déçu.

Writer's block, on cherche de l'inspiration.

Pour fêter les 100 ans de la grande bibliothèque centrale, il y a une expo avec quelques bijoux de la collection, dont de belles machines à écrire.

Les jeunes ne connaissent pas les bruits sympas que l'on produi(sai)t en écrivant de cette manière-là.

Enfin, Virginia – affichée sur la façade de la 5e avenue – n'est pas seule. On la présente avec Malcolm. Et d'autres.

Virginia Woolf, Malcolm X, and Dante = qu'ont-ils en commun ?

eh bien, voilà, leurs carnets intimes.
instead of V's diary, at first I found a wall-full of Malcolm X's diaries.

no cut & paste here !

Des deux.  Vers la fin de leur vie.

Puis il y avait la canne de V : "Virginia Woolf's walking stick."

Je n'ai pas eu envie de regarder de trop près. Ça fait 70 ans qu'elle s'est tuée... 1941. Ça fait pas si longtemps que ça. 

Je fouille plutôt dans les souvenirs d'une autre personne, morte du sida dans ces années 1980.  Je l'appelle Orlando.

Mon Orlando me fait signe aujourd'hui, par Virginia, qui figure dans son récit, dès le début.

J'aimerais bien savoir en quoi cela m'aidera à clore le chapitre. 

...